MÉ2.0CINS

FORMATION ÉLIGIBLE AU CPF

Stéthoscope sur un smartphone : vision de la médecine au 21ème siècle.

Face à une pénurie de médecins et de personnels médicaux, le Gouvernement français décide de lancer une gigantesque opération de recrutement.

*****

DISTRIBUTION

Le Médecin, fil conducteur entre les personnages et les scènes.
Alpha, le premier élève du médecin.
Bêta, le deuxième élève du médecin.
Le patient 1, cobaye du premier élève.
Le patient 2, cobaye du deuxième élève.

Nombre d’interprètes minimum : 3
Pas de maximum.

En cas de distribution minimale (3 interprètes), les acteurs jouant les élèves pourront également interpréter les patients l’un de l’autre.
En cas de distribution élargie (6 interprètes et plus), les répliques des patients et des élèves peuvent être réparties entre plusieurs acteurs. On imaginera alors un groupe d’élèves face à un groupe de patients.
Le rôle du médecin doit idéalement être joué par une seule personne pour garder une cohérence globale mais il peut être divisé en cas de besoin.
Tous les rôles peuvent être féminins ou masculins. Les pronoms seront à adapter en conséquence.

SCÈNE 1

(La scène est à l’extérieur, sur une place publique. Un médecin portant une blouse blanche ornée de logos de laboratoires pharmaceutiques dispose des boîtes de médicaments sur un stand.)
LE MÉDECIN. Oyez, oyez mesdames et messieurs ! Je déclare le premier cabinet de téléformation médicale ouvert. Approchez, mesdames et messieurs, venez voir le docteur. Approchez, voilà, ne soyez pas timides. C’est dans un esprit philanthropique que je viens à vous, oui. Je viens vous transmettre la quintessence de la connaissance scientifique. Je viens vous enseigner la médecine, messieurs-dames, je viens faire de vous des docteurs ! Qui n’a jamais rêvé de porter la fameuse blouse blanche ? Qui n’a jamais rêvé de parcourir le monde armé d’un stéthoscope et d’un tensiomètre ? Qui n’a jamais rêvé de dire lors d’un moment critique : « laissez-moi passer, je suis le docteur » ? Votre rêve peut désormais devenir réalité ! Il vous suffit pour ça d’insérer votre carte vitale dans ce lecteur. Les inscriptions sont ouvertes.
ALPHA. Les logos sur votre blouse, c’est pourquoi monsieur ?
LE MÉDECIN. Appelez-moi docteur, je vous en prie. Ce sont mes sponsors.
BÊTA. Vos sponsors ? Vous affichez publiquement vos conflits d’intérêt ?
LE MÉDECIN. Je préfère parler de liens d’intérêt. Un docteur se voue corps et âme à la médecine et les liens qu’il entretient avec l’industrie pharmaceutique sont purement désintéressés : il s’agit seulement de faire avancer la science !
BÊTA. Gilead, Sanofi, Moderna d’accord, mais McKinsey je ne connais pas.
ALPHA. Mais si, tu sais, c’est la firme américaine qui conseille le président sur sa stratégie vaccinale. Il y a deux millions d’euros d’argent public qui tombent dans leur poche tous les mois.
LE MÉDECIN. Assez de bavardages, j’ai un cours à donner. Vous, vous serez la promotion Alpha. Et vous, la promotion Bêta. Vous voulez devenir médecins, n’est-ce pas ?
ALPHA. C’est à dire que…
LE MÉDECIN. Très bien. Les diplômes que vous recevrez à l’issue de cette formation accélérée seront bien entendu certifiés par la faculté de médecine.
ALPHA. Je ne comprends pas bien : les études de médecine ne sont pas censées être longues et fastidieuses ?
LE MÉDECIN. Dans le monde d’avant, oui. Mais aujourd’hui, les médecins de ville n’ont plus le droit de prescrire donc le programme a été allégé en conséquence.
BÊTA. Alors qu’est-ce qu’on va faire si on ne soigne plus les gens ?
LE MÉDECIN. Vous leur direz de rester chez eux, ça marche à tous les coups. Et s’ils insistent, vous pourrez leur donner du paracétamol. Personne ne vous contredira, de toute façon, puisque ce sera vous le docteur !
ALPHA. Vous ne prenez donc pas les malades au sérieux ?
LE MÉDECIN. Bien sûr que je les prends au sérieux. C’est bien pour ça que je m’attache à les conserver dans leur maladie ! Voici vos blouses. Règle numéro un : portez-les en toutes circonstances, les gens y accordent du crédit. En médecine, c’est l’habit qui fait le moine et l’occasion qui fait le larron. Règle numéro deux : demandez toujours que l’on vous appelle par votre titre. Pas de madame, pas de monsieur, mais docteur : ça renforce votre autorité. Enfin, règle numéro trois : utilisez toujours des mots savants, parlez comme si vous en connaissiez le sens et si l’on vous demande vos références, citez Hippocrate. Voilà.
BÊTA. C’est tout ? Enfin, je veux dire, c’est terminé ? Nous sommes médecins, ça y est ?
LE MÉDECIN. Presque. Apprenez par cœur ce que je viens de vous enseigner et vous serez d’illustres docteurs. Vous aurez peut-être même la chance de passer à la télévision !
ALPHA. Mais si on nous pose une question à laquelle on ne sait pas répondre ?
LE MÉDECIN. Vous avez un téléphone ?
ALPHA. Oui.
LE MÉDECIN. Activez la commande vocale et dites avec votre plus bel accent : « Doctissime doctissimo ». C’est du latin, ça vous donnera l’air encore plus intelligent.
(Les élèves s’exécutent.)
BÊTA. Et après ?
LE MÉDECIN. Lisez le résultat. Les algorithmes des moteurs de recherche sont si parfaits qu’ils savent ce que vous cherchiez avant même que vous ne l’ayez demandé ! Bien. Maintenant que la partie théorique est validée, passons à la pratique. Pour cela, il vous faut des clients.
ALPHA. Vous voulez dire des patients ?
LE MÉDECIN. Oui, c’est pareil. Promotion Alpha, vous commencerez. Tenez, restez ici et attendez que quelqu’un arrive.
ALPHA. Mais qu’est-ce que je devrai lui dire ?
LE MÉDECIN. Ce que dirait un médecin, voyons ! Allez, faites comme si je n’étais pas là.
(Le médecin et Bêta s’installent dans le public. Alpha reste sur scène avec son ou ses patient.s.)

SCÈNE 2

LE PATIENT 1. Bonjour docteur.
ALPHA. Bonjour docteur. Pardon, je veux dire, bonjour madame. Ou monsieur, peut-être. Je suis le docteur. Qu’est-ce qui vous arrive ?
LE PATIENT 1. J’ai mal, docteur.
ALPHA. Ah oui, vous avez mal. Où est-ce que vous avez mal ?
LE PATIENT 1. Partout, docteur !
ALPHA. Partout ?! Voilà qui n’arrange pas mon affaire.
LE MÉDECIN (depuis le public). Au contraire, idiot, profitez-en pour lui fourguer une boîte de médicaments ! N’importe laquelle, au point où il en est !
ALPHA. Est-ce que vous avez mal partout par ici ou bien partout par là ?
LE PATIENT 1. Partout par là. Mais il faut que je vous dise, docteur : je crois que j’ai attrapé le virus !
ALPHA. Ah. Le virus ?
LE PATIENT 1. Celui-là même, docteur. Je suis fichu, avec mes antécédents et mon état de santé.
ALPHA. Non, ne dites pas ça ! Tenez, regardez, j’ai des médicaments, je vais vous soigner, nous allons vous soigner.
LE MÉDECIN (depuis le public). Mais qu’est-ce qu’il fait ? Non, pas de médicaments !
ALPHA (au médecin). Ce n’est pas ce que vous aviez dit tout à l’heure, que je devais lui fourguer une boîte ?
LE MÉDECIN (depuis le public). Pas s’il a le virus, nom d’une pipe ! Pour ce virus-là il n’y a rien à faire, ne donnez rien !
ALPHA (au médecin, en chuchotant). Je le laisse mourir ?
LE PATIENT 1. Je vais mourir, docteur ?
ALPHA. Non, vous n’allez pas mourir. Nous allons trouver une solution, d’accord ?
LE MÉDECIN (depuis le public). Souvenez-vous du cours théorique.
ALPHA. Voyons voir… Est-ce que vous dormez assez ?
LE PATIENT 1. Si je dors assez ?
LE MÉDECIN (depuis le public). S’il dort assez ?!
ALPHA. Oui, maman disait toujours que le sommeil est la moitié de la santé. Il faut aussi que vous mangiez bien, de bons aliments, et que vous ayez une activité physique.
LE MÉDECIN (depuis le public). Mais vous êtes fou !
ALPHA. On évite les produits transformés, on privilégie les fruits et légumes frais qui apportent plein de vitamines et de minéraux et on fait le tour du pâté de maisons une à deux fois par jour. D’accord ?
LE MÉDECIN. Je suis navré mais je vais devoir intervenir. Excusez ce jeune médecin, il est encore en formation. (À Alpha.) D’où sortez-vous ces conseils ridicules, enfin ? De votre chapeau ?!
ALPHA. Ça me semblait être du bon sens.
LE MÉDECIN. Du bon sens ? Mais ce n’est pas avec du bon sens qu’on gagne sa vie ! Tenez, regardez. (Au patient.) Si j’appuie ici, vous avez mal ?
LE PATIENT 1. Ah mais oui, docteur, j’ai très mal.
LE MÉDECIN. C’est bien ce que je craignais. Je suis navré de vous le dire mais votre poumon droit est atteint.
LE PATIENT 1. Mon poumon droit ?!
LE MÉDECIN. Et le gauche aussi, peut-être.
LE PATIENT 1. Miséricorde !
LE MÉDECIN. Vous avez du diabète ?
LE PATIENT 1. Oui, docteur.
LE MÉDECIN. Oh, ce n’est pas bon signe ! Non, vraiment pas bon signe !
ALPHA. Avec tout ce qu’on nous impose de malbouffe, de tabac et d’alcool depuis des années, ce n’est pas étonnant que vous ayez du diabète !
LE MÉDECIN (à part). Mais taisez-vous, espèce de pachyderme ! Vous me faites rater ma vente.
ALPHA (à part). C’est vrai ce que je dis ! D’abord, on affaiblit les gens avec une alimentation délétère et après on leur fourgue des boîtes, comme vous dites. C’est pour ça que Monsanto appartient à Bayer !
LE MÉDECIN (à part). Oui mais vous n’êtes pas obligé de le dire au client.
ALPHA (à part). Au patient, pas au client !
LE PATIENT 1. Dites-moi la vérité, docteur, je peux tout entendre.
LE MÉDECIN (à part). Vous allez reprendre la consultation et lui expliquer que le vaccin est la seule chance qu’il lui reste.
ALPHA (à part). Je ne peux pas, vous me demandez de mentir et c’est contraire à mes valeurs !
LE PATIENT 1. Je suis prêt, docteur, faites de moi ce qui vous plaira !
LE MÉDECIN (à part). La faculté de médecine exige que vous continuiez.
ALPHA (à part). D’accord. (Au patient.) Bien. Votre poumon droit a été atteint par l’obstruction du canal de votre vésicule biliaire et comme le supposait Hippocrate avant que ne le confirme Paracelse, c’est ballot. Autrement dit, vous n’avez plus d’immunité naturelle.
LE MÉDECIN (depuis le public). Très bien, continuez !
LE PATIENT 1. Je n’ai plus d’immunité naturelle ?! Mais c’est terrible, docteur !
ALPHA. Oui, c’est terrible. Mais heureusement, il vous reste une chance de combattre et d’éradiquer la maladie. (Au médecin.) Non, c’est absurde. Je n’y arriverai pas, je suis désolé.
LE MÉDECIN (depuis le public). Il est absolument indispensable que vous continuiez.
ALPHA. Je disais qu’il vous reste une chance de vous en sortir : le vac…
LE PATIENT 1. Le vac… ?
ALPHA. Ça ne veut pas sortir, c’est coincé ! Le vac… Je l’ai sur le bout de la langue mais ça ne sort pas, je suis navré.
LE MÉDECIN (depuis le public). Vous n’avez pas le choix, vous devez continuer.
LE PATIENT 1. Vous voulez que je vous aide ? Essayez avec un synonyme, les synonymes ça fonctionne toujours !
ALPHA. Un synonyme ? Expérimentation génique ! C’est une expérimentation génique qui n’a obtenu qu’une autorisation de mise sur le marché provisoire et pour laquelle les tests ne sont pas encore terminés. Ah ben voilà, c’est sorti tout seul. Merci. Une petite piqûre, du coup ?
LE PATIENT 1. Je suis désolé mais je n’en ai plus très envie, docteur. Je pense qu’il est temps pour moi de reprendre ma santé en main. Sinon je vais être obligé de croire ce qu’on me raconte et ce n’est pas toujours dans mon intérêt.
ALPHA. Ben oui ! Pendant une épidémie, les affaires continuent. (En chuchotant.) Sauvez-vous vite !
LE PATIENT 1. Merci et au revoir, docteur. (Le patient 1 part en courant.) Ce n’est pas moi, je n’ai rien fait.
LE MÉDECIN. J’aurais dû me douter que vous prépariez un mauvais coup. Vous êtes le premier et le pire élève que j’aie jamais eu ! Retournez-vous asseoir, vous ne serez jamais docteur. Incapable ! Promotion Bêta, c’est à vous.

SCÈNE 3

BÊTA. Je suis prêt, faites entrer le client. Bonjour.
LE PATIENT 2. Bonjour docteur.
BÊTA. Chut ! Doctoribus cumque doctissimo rosa rosa rosam rosae rosae rosa.
LE PATIENT 2. Qu’est-ce que vous faites ?
BÊTA. J’observe le mal qui vous ronge.
LE MÉDECIN (depuis le public). Très bien, continuez.
LE PATIENT 2. Ce n’est pas pour moi que je viens, docteur. C’est pour ma fille.
BÊTA. Votre fille ?
LE MÉDECIN (depuis le public). Sa fille ?
LE PATIENT 2. Ma fille, oui ! Il y a bien deux jours qu’elle ne s’alimente plus. Je ne sais pas quoi faire, docteur.
BÊTA. Votre fille ne serait-elle pas…amoureuse ?
LE PATIENT 2. C’est effectivement le problème, docteur !
BÊTA. Ah !
LE PATIENT 2. Elle sort avec un garçon peu fréquentable et je ne veux plus qu’elle le voie.
BÊTA. Qu’a-t-il fait de mal, ce garçon ?
(Bêta et le patient 2 commencent un jeu de mimes.)
LE PATIENT 2. C’est un… Vous savez bien, vous voyez bien de quoi je veux parler.
BÊTA. Ah, vous voulez dire un… ?!
LE PATIENT 2. Mais non, pas un… ! Ne m’obligez pas à dire le mot, enfin. Un… !
BÊTA. Je suis désolé, je ne vois pas.
LE PATIENT 2. Eh bien c’est un complotiste, voilà !
BÊTA. Chut, pas si fort ! (Bêta chuchote.) Complotiste à quel degré ?
LE PATIENT 2. À trois-cent-soixante degrés, docteur. Un vrai de vrai !
BÊTA. Je vois. Vous savez ce qu’il vous reste à faire ?
LE PATIENT 2. Non, quoi ?
BÊTA. Vous faire tester, pardi ! Ces gens-là mangent, boivent, s’embrassent et commettent cent autre imprudences !
LE PATIENT 2. Mon dieu mais oui ! Il a contaminé ma fille et ma fille m’a contaminé. C’est pour ça qu’elle ne s’alimente plus : c’est à cause du virus. Vous êtes un génie, docteur.
BÊTA. Merci. Penchez la tête en arrière, nous allons procéder au test. Ce sera un peu désagréable, d’accord ?
LE MÉDECIN. Doucement ! Vous me faites peur avec votre écouvillon ! C’est un geste technique, laissez-moi faire. Vous devez le placer précisément dans cette direction, sans quoi vous risqueriez de causer de graves lésions au client. Et ce n’est pas ce que nous voulons, n’est-ce pas ?
LE PATIENT 2. Vous êtes docteur aussi ?
LE MÉDECIN. Je suis son professeur, oui. Voilà, c’est terminé. (Le médecin retourne dans le public.)
LE PATIENT 2. Votre professeur ? Vous n’êtes pas vraiment docteur alors ?
BÊTA. Non mais ce n’est pas très grave.
LE PATIENT 2. Comment, ce n’est pas très grave ?!
BÊTA. Ne le dites à personne, mais vous n’êtes pas vraiment malade non plus.
LE PATIENT 2. Ah bon ? Je ne suis pas malade ?!
BÊTA. Non ! Les tests PCR manquent tellement de précision qu’ils détecteraient le virus dans une cannette de soda !
LE MÉDECIN (depuis le public). Vous vous aventurez sur un terrain glissant, Bêta.
LE PATIENT 2. Vous êtes un faux médecin qui soigne de faux malades ?!
BÊTA. Oui, c’est ça. Audacieux, non ?
LE PATIENT 2. Mais avec quoi allez-vous donc nous soigner ?
BÊTA. Avec rien, puisque vous n’êtes pas vraiment malades !
LE MÉDECIN (depuis le public). Vous donnez trop de détails, taisez-vous !
LE PATIENT 2. Et si dans le lot de faux malades il y avait de vrais malades, comment le sauriez-vous ?
BÊTA. On attendrait les complications et on les enverrait à l’hôpital. C’est une question de budget et de main d’œuvre : nous devons optimiser le nombre de lits en soins intensifs.
LE MÉDECIN (depuis le public). Bêta !
LE PATIENT 2. Pendant ce temps-là les faux malades, parmi lesquels se cachent peut-être de vrais malades, restent chez eux sans aucun traitement avec le risque de contaminer tous leurs proches ?
BÊTA. C’est exact. Vous comprenez vite !
LE MÉDECIN (depuis le public). Encore un mot de travers et je vous renvoie illico presto.
BÊTA (au médecin). Attendez, faites-moi confiance. (Au patient.) Ah, votre test est positif ! Vous allez devoir passer quelques jours en quarantaine.
LE PATIENT 2. Mais comment saurai-je si je suis malade ou pas ?
BÊTA. Vous l’êtes puisque le test est positif ! En tout cas, vous serez enregistré comme malade dans les statistiques.
LE PATIENT 2. Mais je n’ai pas envie d’être enregistré dans vos statistiques, moi !
BÊTA. Eh bien, il fallait y réfléchir avant de relâcher les gestes barrières. Sept jours d’isolement, aucun contact avec l’extérieur, port systématique du masque et quand vous aurez des difficultés respiratoires, vous appelez le SAMU.
LE MÉDECIN (depuis le public). Vos méthodes sont surprenantes, mais je vous laisse continuer.
LE PATIENT 2. Dans sept jours je pourrai ressortir ?
BÊTA. Oui mais il faudra vous tester régulièrement pour nous assurer que vous ne redeveniez pas positif.
LE PATIENT 2. Quand est-ce que je serai vraiment libre alors ?
BÊTA. Quand vous serez vacciné ! Mais ce ne sera qu’une illusion de liberté car nous ne savons pas encore si les vaccins protègent des variants ni la durée de l’immunité ni même les effets à long terme. Il y aura peut-être des rappels réguliers à faire et de possibles complications d’ici quelques années mais entre ça et des confinements à répétition, qu’est-ce que vous préférez ?
LE PATIENT 2. Le vaccin, ça va de soi ! Mais vous êtes sûr que c’est bien légal ?
BÊTA. Oui, très légal. Ce n’est pas vraiment moral, mais c’est tout à fait légal. Mais bon, c’est un business, après tout. Nous sommes là pour faire le plus d’argent possible. À ce propos, ça vous fera cinquante-cinq euros.
LE PATIENT 2. Et pour ma fille, qu’est-ce que je dois faire ? Nous devons l’isoler aussi ?
BÊTA. Bien entendu ! Et il faut que vous dressiez la liste de toutes les personnes avec lesquelles vous êtes entré en contact ces derniers jours. Elles devront toutes se faire tester. Avec un virus pareil, on n’est jamais trop prudent !
LE PATIENT 2. Si tous ces tests-là ressortent positifs, ça va en faire de faux malades dans vos statistiques !
BÊTA. Oui et puis à cinquante-cinq euros la consultation, on est presque plus rentable quand on n’est pas malade que quand on l’est. Je plaisante. Allez, bon confinement. On se revoit pour la première dose ! (Le patient 2 sort.) Qui d’autre veut être isolé… Pardon, ausculté ?
LE MÉDECIN. Bravo ! Quelle incroyable performance ! Quel prodige ! Je vous félicite, Bêta. Votre certificat de suivi de formation vous est délivré avec la mention très bien.

SCÈNE 4

ALPHA. Attendez ! Attendez ! Tu ne dois pas accepter ce diplôme.
LE MÉDECIN. Ce n’est pas beau la jalousie, promotion Alpha. Vous avez lamentablement échoué lors de votre épreuve pratique et vous en êtes le seul responsable. Laissez donc votre camarade tranquille !
ALPHA. Non, ça n’a rien à voir. J’ai de nouveaux éléments, écoute. Primum non nocere. Ça veut dire « d’abord ne pas nuire ». C’est censé être la base de la médecine mais ce n’est pas du tout ce qu’on nous apprend en formation. On n’en est pas à notre premier scandale sanitaire ! Tu te souviens de l’affaire du sang contaminé transfusé sur des personnes saines pendant l’épidémie de VIH ? Et puis, il y a eu le coup du Mediator aussi : il a été prescrit jusqu’en 2009 alors que les autorités savaient depuis 1997 qu’ils était nocif. Les gens au pouvoir ne veulent pas le bien des autres et le marché de la maladie est beaucoup trop juteux pour être honnête.
LE MÉDECIN. Ça suffit ! Si vous persistez dans votre paranoïa complotiste, je préviens la police.
ALPHA. J’ai fait des recherches sur McKinsey, la firme américaine dont on parlait tout à l’heure. Figure-toi que ce sont les mêmes qui ont étouffé le scandale des opioïdes aux États-Unis.
LE MÉDECIN. Comme le monde est petit !
ALPHA. Les opioïdes ont tué plus que les deux premières guerres mondiales réunies : 72000 personnes, rien qu’en 2017, parce que les autorités avaient caché à la population que c’était addictif. On ne peut pas les laisser recommencer avec les vaccins ! Qu’est-ce qu’il y a, ça ne te laisse pas perplexe ?
BÊTA. Je ne sais pas quoi te dire. Ça fait des années qu’on se connaît, toi et moi. Je pensais que tu étais quelqu’un de sensé mais voilà que tu te mets à parler comme un forcené. Ce virus a déjà tué plus de cent mille personnes en France !
ALPHA. Mais ce n’est pas le virus qui les a tués ! C’est le manque de soins, le manque de lien social, leur mauvaise immunité. Le président a dit qu’on était en guerre, non ? Contre qui le pouvoir est-il en guerre selon toi, si ce n’est contre sa population ? Dans toutes les guerres, les élites ont toujours un intérêt financier : c’est la logique-même d’une guerre !
BÊTA. De toute façon, on ne peut pas discuter avec toi, tu refuses le débat. Salut, Alpha.
(Bêta et le médecin sortent. Alpha reste seul et s’adresse au public.)
ALPHA. Je ne peux pas ne rien faire, c’est plus fort que moi. Je continuerai de glisser des grains de sable dans l’engrenage jusqu’à ce que ça coince. Je continuerai de dénoncer haut et fort la corruption du système jusqu’à ce que ça s’arrête. Je serai un objecteur de conscience et vous pouvez l’être aussi. Ce n’est que du théâtre, mais les faits signalés sont bien réels. Voici le texte. Apprenez-le et jouez-le partout où ce sera nécessaire, partout où il le faudra et ensemble, nous inverserons la cadence. Merci.
(Alpha distribue les saynètes aux spectateurs. Fin.)

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