A mon micro, Clara Egger professeure en relations internationales à l’université de Groningen aux Pays-Bas. Ses travaux portent sur la démocratisation de la politique internationale, les politiques de gestion de crises et leurs impacts, ainsi que la violence politique.
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Elle a co-écrit en 2019, avec Raul Magni-Berton (professeur de sciences politiques à Grenoble), le livre « RIC : le référendum d’initiative citoyenne expliqué à tous », qui synthétise les résultats de leurs recherches sur le RIC dans le monde entier et présente leur proposition de réforme constitutionnelle pour la France par le RIC Constituant. En 2022, Clara a accepté le défi de se présenter à la présidence de la République pour porter ce projet.
« Le meilleur moyen pour que les gens s’éduquent, c’est qu’ils décident. »
Les trois pépites de cet échange :
1) Le Référendum d’Initiative Citoyenne donne aux citoyens le droit de proposer des lois et de les voter, en récoltant un nombre convenu de signature et en soumettant la proposition à référendum. En France, ce droit est aujourd’hui une prérogative du Gouvernement et du Parlement. Le collectif Espoir RIC, dont Clara s’est faite la porte-parole, défend l’idée selon laquelle la répartition du pouvoir entre les citoyens prime sur l’éducation populaire. Pour que les gens s’éduquent, il faut qu’ils décident – et non l’inverse, sinon ça ne ferait que retarder l’échéance démocratique à un éternel lendemain. L’objectif d’Espoir RIC n’est pas tellement de convaincre les citoyens – Clara nous dit que 73% de la population est déjà convaincue – mais d’éduquer les élus (ou futurs élus) sur cette question et d’utiliser la séquence électorale pour montrer que d’autres projets sont possibles.
2) J’aime beaucoup l’idée de partir de l’existant et de commencer à modifier les règles du jeu par petites touches. C’est une manière d’apporter du concret très vite sans risquer de revenir à la case départ ! D’ailleurs, comme le dit Clara, c’est par des petits changements que nous avons dérivé vers un système autoritaire. Donc à l’inverse, cela peut être par des petits pas que nous reprendrons du pouvoir. Clara parle ainsi de déverrouiller la Constitution plutôt que de la changer : cela pourrait commencer par exemple par redéfinir les fonctions du Président de la République.
3) Le bon équilibre est particulièrement difficile à trouver et à conserver car nous sommes dans un combat entre un pot de fer et un pot de terre ! Si l’on ne veut pas que nos dynamiques soient cassées en cours de route, il est donc nécessaire d’être vigilants. Les municipales de 2026 sont un enjeu majeur car elles tombent juste avant les présidentielles. Une idée pourrait donc être de monter des listes citoyennes dans nos communes. Bien que les maires de petites communes aient aujourd’hui de moins en moins de pouvoir, ce sont eux qui sont à proximité des gens et qui les connaissent. Il ne s’agit pas de faire un RIC local mais d’utiliser le local pour faire une percée au niveau national. Sur la question des associations, je n’ai pas complètement abouti ma réflexion pendant l’échange avec Clara alors pour aller plus loin, je dirais que la position du pouvoir est très perverse : il retire des moyens aux petits communes pour les redistribuer à des associations auxquelles il demande de jouer ce rôle de service public qu’il a lui-même détruit, en finançant ces associations par des appels à projets qui sont beaucoup moins pérennes qu’un financement classique de service public et peuvent donc être augmentés ou supprimés au gré du vent – créant ainsi des structures beaucoup plus malléables. En termes courants, ça s’appelle : déshabiller Pierre pour habiller Paul ! Accepter d’y jouer, c’est accepter d’entrer dans un jeu dangereux – n’empêche que c’est un moyen détourné de garder du pouvoir localement tout en œuvrant parallèlement à la mise en place d’une résistance de fond.
Merci à tous d’avoir écouté cet épisode et à la semaine prochaine pour une nouvelle rencontre hors des sentiers battus.