LAURENT ROUSSEAU

LE PLAISIR DE JOUER COMME MOTEUR DE CRÉATION

laurent rousseau l'oreille moderne

Aujourd’hui, nous allons poursuivre les réflexions démarrées la semaine dernière avec Guillaume sur l’importance de la pratique artistique dans les apprentissages d’une discipline. Mon invité s’appelle Laurent Rousseau, il est musicien professionnel depuis 1988, compositeur et formateur.

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Tout en travaillant sur des projets divers de concerts, de musiques de spectacles ou de direction artistique, Laurent transmet sa passion de la musique sur internet via sa chaîne YouTube, la Minute Utile du Musicien, et son site, l’Oreille Moderne, qui propose des formations et des stages accessibles à tous.

« La musique, ça a toujours avancé par la pratique et par les chefs d’œuvre. »

Les trois pépites de cet échange :
1) Le cœur de la création musicale, voire même de la création artistique, c’est la pratique. Il n’y a pas de musique sans pratique. Laurent nous rappelle à juste titre que la théorie sert avant tout à mettre des mots sur ce que l’on entend, à expliquer et conceptualiser ce que la pratique nous a permis de découvrir par les sens. La théorie, c’est l’étude de la pratique. Le problème, c’est que les institutions artistiques – et ce dans de nombreuses disciplines – ont fait valoir la supériorité de la théorie sur la pratique. Nous l’avons déjà grandement abordé avec Guillaume Desjardins dans l’épisode 51 donc je ne vais pas revenir dessus. Je reprendrais simplement l’expression de Laurent qui dit que plus jeune il « inventait des théories ». J’adore cette expression qui résume parfaitement à mon sens le processus de création. D’abord on crée, puis on cherche les hypothèses théoriques qui vont venir étayer la création.
2) Ce que j’admire le plus chez Laurent, c’est son authenticité et je dirais même plus : son intégrité. Que ce soit comme musicien ou comme pédagogue, Laurent accorde une grande importance au fait d’être qui on est au moment où on l’est : il cherche davantage à être présent au monde qui l’entoure qu’à performer. Et je crois aussi que la qualité de la relation avec l’artiste prime sur la technicité de son interprétation. En tant que spectateur, je préfère mille fois un musicien ou un comédien qui produit une fausse note, mais qui est présent du début à la fin et qui partage vraiment quelque chose avec moi, plutôt qu’un artiste qui m’offre une partition millimétrée mais « absente ».
3) La pédagogie ne doit pas être une soupape pour les artistes qui ne vivent pas pleinement de leurs créations. Ce point me semble d’autant plus crucial que dans mon travail, j’incite souvent à la réflexion sur le modèle économique de l’artiste. Ma théorie tient d’ailleurs sur le fait que pour rester libre, l’artiste doit alterner entre création et médiation culturelle et financer le premier par le biais du second. Là-dessus, le théâtre est très éloigné de la musique car les moyens de production sont tout autres. Mais je trouve cette réflexion sur la pédagogie intéressante. Transmettre doit toujours être une vocation autant que créer.

Merci à tous d’avoir écouté cet épisode et à la semaine prochaine pour une nouvelle rencontre hors des sentiers battus.

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