LA PLACE DE LA MÉDIATION DANS LES POLITIQUES CULTURELLES

RENCONTRE AVEC CLARA LEROUX, CHARLOTTE ROUET ET JULIE DUPONCHEL

la place de la médiation dans les politiques culturelles avec clara leroux, charlotte rouet et julie duponchel

Pour ces trois premiers épisodes de Rideau Rouge, j’ai décidé de mener une série d’entretiens avec des professionnelles de la médiation culturelle. Nous nous y interrogerons sur le rôle de cette discipline et la place qu’elle occupe dans les politiques culturelles actuelles. Trois femmes, trois parcours, trois regards. C’est parti !

*****

ÉPISODE 1 : CLARA LEROUX

Aujourd’hui, nous recevons Clara Leroux du studio de création Les Cultiveuses. En binôme avec Manon Malin, Clara accompagne les institutions culturelles et touristiques dans la coordination, la conception et l’animation de leurs projets de médiation culturelle en Île-de-France, en Normandie et en Occitanie. Elle propose notamment des visites guidées ludiques, des supports écrits et des mallettes pédagogiques.

« Les publics se croisent mais ne se mélangent pas. »

Les trois pépites de cet échange :
1) Il y a au sein des institutions peu de professionnels de la médiation, que celle-ci est très orientée vers le tourisme et que la question des publics n’est que peu abordée.
2) Il y a peu de mixité et bien que les publics se croisent, ils ne se mélangent pas.
3) Les professionnels de la médiation ont peu de marge de manœuvre car leur travail est souvent pris en étau par les politiques, dans une volonté de dépolitiser la culture.

ÉPISODE 2 : CHARLOTTE ROUET

Aujourd’hui, nous sommes en compagnie de Charlotte Rouet. Après avoir été professeur des écoles pendant vingt-trois ans, Charlotte est devenue animatrice, formatrice en éducation populaire et médiatrice culturelle indépendante. Formée aux pédagogies actives et coopératives, elle pratique notamment les disciplines plastiques, corporelles, théâtrales et musicales.

« L’éducation populaire doit intégrer le quartier et la famille. »

Les trois pépites de cet échange :
1) Le fait d’emmener des publics dans les lieux de culture ne suffit pas à créer chez eux de nouvelles habitudes : il faut aller là où les gens se trouvent, c’est-à-dire dans la rue.
2) Les lieux historiquement reconnus comme des espaces d’éducation populaire tels que les centres sociaux sont aujourd’hui souvent dans une recherche de consommation plutôt que dans la formation de citoyens.
3) Les intellectuels qui prônent la démocratisation culturelle pour les autres sont entre eux incapables d’adopter un fonctionnement démocratique puisqu’ils ne se transmettent pas des informations qui pourraient changer les choses.

ÉPISODE 3 : JULIE DUPONCHEL

Après Clara et Charlotte, c’est Julie Duponchel, alias Les Patri’Minots, qui vient nous partager son expérience. Animatrice du patrimoine depuis onze ans, le travail de Julie consiste à donner des clefs pour comprendre le patrimoine qui nous entoure, particulièrement en milieu rural. Elle travaille notamment du jeune public pour leur faire découvrir leur environnement, attiser leur curiosité et en faire des ambassadeurs de leur territoire. En parallèle, Julie est salariée dans une association et effectue des vacations pour le Centre des Monuments Nationaux.

« Il y a deux médiations : celle de la ville et celle de la campagne. »

Les trois pépites de cet échange :
1) C’est notre souhait de vivre de notre travail de médiation qui nous rend dépendants des institutions. Un travail en direct avec les publics nous permettrait d’être plus libres mais serait aussi beaucoup moins accessible, du fait de tarifs plus élevés.
2) Le rôle des commanditaires est de dire le quoi et le pourquoi mais jamais le comment. Pour conserver un rapport sain entre décideur et opérateur, le comment doit rester entre les mains du médiateur.
3) Il est possible de travailler avec les collectivités en tant que prestataire de services – Julie en est la preuve vivante – et que la création d’une association n’est pas obligatoire, contrairement à ce que certains prétendent. Julie me précisait hors antenne qu’elle n’avait créé son entreprise que parce qu’il n’y avait pas de structures de médiation dans son environnement. Rappelons également qu’elle a conservé un poste salarié. Autrement dit, le rapport de force n’est pas le même que sur un territoire plus concurrentiel, avec un médiateur qui dépendrait exclusivement de ses animations pour vivre.

Merci à tous d’avoir écouté cette série et à la semaine prochaine pour une nouvelle rencontre hors des sentiers battus.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *