ROBIN PETIER

QUELLE PLACE POUR LES ARTISTES PEINTRES AUJOURD'HUI ?

Robin Petier, artiste peintre interviewé par le Bazar Culturel.

D’abord étudiant en art dramatique et en cinéma, Robin Petier débute sa carrière en tant que story-boarder et assistant réalisateur pour différentes boîtes de production. En parallèle, il mène plusieurs projets artistique variés : réalisation, théâtre et production de court-métrages. Après plusieurs années de perfectionnement et de recherches picturales, Robin entame une carrière professionnel d’artiste-peintre en 2018. Rencontre.

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Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours ?
Robin Petier, 26 ans, artiste-peintre. J’ai un cursus scolaire basique, baccalauréat littéraire puis entrée au Conservatoire du VIème arrondissement, en théâtre, pour devenir comédien. J’y fais mes premières armes, dans différentes pièces, je passe plusieurs castings, je rencontre un agent avec qui je m’entends bien. Mais je suis frustré des rôles que l’on me propose et des castings auxquels je peux prétendre, alors je décide de partir faire de la réalisation, autant par intérêt personnel (pour l’art de la mise en scène), que parce que j’ai envie d’être aux commandes d’un projet dans son intégralité. Je produis plusieurs courts-métrages, je fais mes premières erreurs. En parallèle, je mets en scène un one-man show et, pour gagner de l’argent, je fais des story-boards pour de la publicité, des courts-métrages ou des clips. J’allie ma passion du dessin – qui m’anime depuis tout petit mais que je n’ai jamais professionnalisé – au cinéma. Mais très vite, cela m’ennuie. Les dessins que l’on me demande sont rébarbatifs, c’est toujours la même chose, la même technique, les mêmes règles.


« Je me mets à avoir envie de libérer mon dessin, de me libérer des carcans pré-établis, de sortir du beau, d’oser faire du moche sans en avoir honte. »

Faire des story-boards, c’est cela qui t’ennuie ?
Oui. Je dois suivre un certain nombre de règles pré-établies, que ce soit sur l’anatomie ou autre chose. Cela m’ennuie, alors je me mets à avoir envie de libérer mon dessin, de me libérer des carcans pré-établis, de sortir du beau, d’oser faire du moche sans en avoir honte. C’est très personnel comme démarche, je ne suis pas le premier à l’avoir eue et certainement pas le dernier, mais cette idée se développe dans mon esprit. Je commence à faire des dessins au fusain, très rapides, en partant de l’idée de ce que je veux représenter – par exemple, une dame avec un chat – mais je dessine en m’obligeant à ne pas me préoccuper de l’anatomie ou des « bonnes » règles. Si je veux faire un pied énorme avec quatre doigts, je le fais. Ces dessins me plaisent bien, ils n’ont rien de révolutionnaire mais voilà, j’y vois quelque chose. Alors, je décide de reproduire cela sur un format plus noble, avec des matériaux plus nobles, comme la peinture à l’huile. J’avais beaucoup fait d’aquarelle quand j’étais adolescent ou pour les story-boards, c’était un medium que je maîtrisais bien. Je me suis mis à faire de la peinture à l’huile sur des petites toiles en coton, d’abord. Cela ne ressemblait pas à grand-chose, c’était assez catastrophique même. Il y avait à ce moment-là des artistes qui m’inspiraient beaucoup et qui m’ont donné envie de tenter la peinture de manière libre, comme Jean-Michel Basquiat. C’est un peu une référence, je crois, pour beaucoup de jeunes artistes. Pendant quatre ans, j’ai fait plusieurs toiles, plein d’essais, sur plein de media différents. Très vite, les grands formats sont arrivés car je n’arrivais pas à imaginer mes idées sur du petit format. J’ai commencé à perfectionner ma technique et plus j’avançais, plus mes dessins devenaient précis et libérés. Je revenais peu à peu à des choses plus classiques mais là, je l’avais choisi, je savais quel résultat je voulais atteindre. Plutôt que d’aller du précis vers l’abstrait, j’ai fait le chemin inverse en me libérant d’abord pour mieux comprendre vers quoi je voulais tendre.

C’était avant la série des Femmes aux Fleurs ?
Oui, c’était avant. J’avais commencé à faire de petits dessins de femmes sans tête il y a deux ou trois ans, avant de les développer sur des grands formats. J’avais envie de dessins bruts encore, avec quelque chose de très naïf et de très franc dans le choix des couleurs. Dans ma recherche picturale, j’ai essayé plein de styles différents. Puis j’ai voulu présenter mon travail aux galeries, j’ai voulu me rapprocher de l’univers professionnel des peintres que j’appréciais.

Pour l’instant tu n’en vis pas mais tu envisages d’en faire ton métier ? Ce serait un objectif, pour toi ?
Je ne me pose pas la question. C’est un souhait, bien sûr, mais je ne construis pas ma vie en fonction de cela. Il y a d’autres choses qui font ma vie et qui me permettent, aujourd’hui, de pouvoir faire cela pratiquement à temps plein.

Tu as complètement laissé tomber le cinéma ? Et le théâtre ? Ou penses-tu y revenir un jour ?
Je n’ai jamais complètement laissé tomber le cinéma. Avant, je faisais déjà de la peinture en parallèle mais la différence, c’est qu’aujourd’hui la peinture a pris le pas sur le reste. Ce sont des rythmes très différents. Un film peut prendre jusqu’à trois ans alors que certaines toiles se font en un mois. Et une fois qu’elles sont faites, elles sont là, elles existent. Ce sont des rythmes différents mais qui peuvent fonctionner ensemble. Je continue de travailler avec la boîte de production qui a développé un de mes courts-métrages, nous cherchons des financements pour un film que j’ai écrit il y a maintenant deux ans. J’accepte plus facilement la longueur dans cette situation-là.

Le milieu de la peinture est-il aussi fermé que celui du cinéma ?
Je n’en sais rien. En peinture, il y a vraiment deux mondes différents. Ceux qui prennent le risque d’innover, de tenter de nouvelles choses et ceux qui font un travail plus commercial, plus industriel.

Quelles sont les démarches à faire pour présenter une œuvre ? Tu envoies des mails, tu vas rencontrer des galeristes ?
J’envoie principalement des mails à des galeries ou pour participer à des concours (« open call ») dans lesquels je joins quelques photos de mes œuvres ou un portfolio.

En tant qu’artiste-peintre, tu dois vivre uniquement de tes ventes ? Ou y a-t-il un autre moyen ?
Si, il existe plein de moyens différents. Il n’y a pas très longtemps encore, un député de la France Insoumise [Michel Larive] proposait la création d’un fonds de soutien. Un artiste-peintre peut vivre en ayant un deuxième métier : certains donnent des cours dans des lycées ou effectuent des petits boulots. D’autres vivent de leur art. Tu peux aussi déposer des dossiers pour obtenir des aides régionales, ou participer aux appels à projets des fondations d’entreprise. Le problème, c’est que ceux qui ont besoin d’un temps de maturation dans leurs projets ne peuvent pas y prétendre. Ils restent des artistes, mais ne rentrent pas dans toutes ces cases qui sont, à mon sens, assez scolaires.

C’est facile d’être exposé ?
Cela dépend où !

Toi, tu as payé ? Tu as loué les salles ?
Oui. Quand je me suis lancé, je n’y connaissais absolument rien, je ne savais pas comment cela fonctionnait, comment je pouvais attirer l’œil sur mon travail. Mon premier réflexe a été de regarder où exposer et je suis tombé sur des salons d’art contemporain ou des galeries parisiennes qui louent leurs espaces.

Y a-t-il d’autres solutions ?
Par le biais des municipalités, oui. Certaines villes ont une politique culturelle intéressante, on peut leur proposer des dossiers. Pas toutes, certaines n’ont même pas d’espace. Il y a aussi des concours, comme je te disais, et des bourses. Sinon, il faut se faire connaître d’une galerie pour qu’ils t’exposent, mais là, c’est un autre monde. C’est comme dans n’importe quel milieu en fait, il y a des échelons à passer et des rencontres à faire.

Quel budget as-tu investi dans tes expositions ?
Deux-mille euros.

Sur la totalité ?
Oui. Celui qui m’a pris pratiquement tout mon budget, c’est le salon Art3F. Puis il y a eu le salon ArtCapital au Grand Palais. Ce furent deux expériences enrichissantes, mais je ne les referais pas.

Il y a eu du monde à tes expositions ? Beaucoup de curieux ou plutôt des amis ?
Pour le Grand Palais et Art3F, c’était les gens qui entraient dans le lieu. À Mandres-les-Roses, où j’ai pu faire une exposition personnelle dans un bel espace, il y a eu quelques curieux mais aussi beaucoup d’amis, et ma famille. Aux vernissages, tu invites surtout des gens que tu connais.

De quelle catégorie sociale était-il issu, ton public ? C’était le même type de personnes au Grand Palais qu’à Mandres-les-Roses ?
Je dirais que oui. Cependant, une chose est sûre : je n’ai pas encore trouvé mon public. Mais grâce à des réseaux comme Instagram, je peux faire des rencontres et obtenir des retours de gens plus avertis.

Quel public tu vises ?
Je n’en ai aucune idée. Je suis ouvert à toutes les surprises ! Bien sûr, n’importe quel artiste aimerait trouver un public qui apprécie son œuvre ou qui soit, du moins, suffisamment ouvert d’esprit. Dans un public, il y a de tout. Pour les Femmes aux Fleurs, j’ai eu des réactions folles !

Des exemples ?
Une dame qui m’a dit que c’était laid, que cela ressemblait à des légumes, à une patate !

Elle savait que tu étais l’artiste ?
Bien sûr. Il y a aussi ceux qui restent longtemps focalisés, qui ne savent pas où se mettre. Et quand je leur propose de répondre à leurs questions, ils disent que c’est étrange, étonnant, qu’ils ne verraient pas cela chez eux. « Cela me gêne », beaucoup disent cela, aussi. Les jeunes, pour beaucoup des étudiants en école d’art, avaient l’air d’apprécier. Ce genre de salons permet aussi de repérer la sincérité chez les gens. Tu la vois dans leurs yeux. Une personne est venue me voir et m’a dit « Vous avez osé ! » sans m’expliquer ce que j’avais osé !

Pourquoi étaient-ils gênés, ces gens ? Pour des questions de morale ?
Déjà, je montre des femmes qui ont des rondeurs. C’est à l’opposé de ce que l’on souhaite vendre en terme d’image. Et puis, le pastel à l’huile donne un aspect très organique, c’est une texture salissante. C’est particulier. En plus, c’est très disparate. Cela ne correspond pas, visuellement, à quelque chose de connu, on ne s’y raccroche pas facilement. Les gens qui se sont déplacés s’intéressent à l’art pour une sortie du week-end. Ils ont envie d’être rassurés, d’être face à des codes visuels qu’ils connaissent.

Pourquoi n’ont-elles pas de tête, ces femmes ?
C’est le même principe qu’un portrait qui serait coupé au niveau des épaules pour se focaliser sur l’expression du visage. Moi, je voulais me focaliser sur l’expression du corps, sur ce qu’il raconte de brut. Le corps s’exprime très bien tout seul et raconte souvent autre chose que le visage. Si je veux raconter l’histoire du corps et que le visage m’en empêche, pourquoi je ne le supprimerais pas ?

Tu as volontairement choisi le pastel à l’huile pour son côté salissant ?
Non, c’est un ami qui m’a fait la réflexion après coup. Il m’a dit que ce n’était pas anodin que je travaille les formes, la chair, quelque chose qui a du volume, en prenant un matériau salissant. J’ai trouvé cette réflexion très juste. Au moment où je l’avais choisi, c’était plus pour la texture visuelle que cela me donnait.

Il y avait donc des amateurs d’art et des étudiants. Des familles aussi ? Et des ouvriers ?
Il y avait de tout, oui. Pour les ouvriers, je ne sais, car tout le monde était en habit quotidien, je ne pouvais pas deviner. Mais il y avait de tout. Certaines personnes plus aisées, d’autres plus modestes, voire très modestes. De tout.

Tu peins pour toi ou pour les autres ? Les deux, peut-être ?
Surtout pour moi ! Si je commençais à peindre pour les autres, je me pendrais ! À voir certaines réactions, si je ne peignais pas pour moi et que je n’étais pas un minimum persuadé de ce que je pourrais présenter, j’aurais arrêté, je pense.

Y a-t-il pour toi quelque chose de libérateur dans le fait de peindre ?
Oui. Au début, c’est ce qui me permettait de me poser, de me calmer. C’est un travail solitaire qui est très apaisant. On évolue entre imaginaire et technique, avec des défis que l’on se lance à soi-même. C’est très agréable. Et puis, voir un travail fini, c’est tellement bien !

Comment travailles-tu ? Tu prépares des croquis préalables ?
Cela dépend beaucoup des artistes mais moi, je prépare. Cela vient surtout du fait que, lorsque j’ai commencé, je n’avais pas du tout de fric. Comme les toiles coûtaient cher et que j’avais très envie d’avoir du matériel de qualité – parce que quand tu peins sur du coton, à la fin cela ressemble surtout à un drapeau – je faisais beaucoup de dessins préparatoires pour éviter le plus possible les ratés et rentabiliser au mieux mes dépenses. Je fais un gros travail mental. Je me pose souvent devant la toile et je dessine les étapes dans ma tête. Parfois même, il m’arrive de faire des listes de ce que j’ai à faire pour construire mon idée et me rapprocher, petit à petit, du résultat final.

Tu construis les étapes en partant du résultat attendu, c’est cela ?
Oui, beaucoup. Avant, je n’y arrivais pas toujours car il y avait des « accidents » qui m’empêchaient d’y parvenir. Par amateurisme, je tentais un truc et c’était le truc de trop. Après, j’essayais de rattraper. J’ai dû me réinventer, m’adapter. Parfois, c’était mieux que ce que j’avais en tête ! Pendant les quatre années de travail où j’ai fait cela, j’ai appris énormément. Aujourd’hui, pour la série Le Bouquet, je fais des dessins préparatoires dans les bonnes dimensions. Et les résultats sont très proches de ce que j’avais imaginé au départ.


« Quand j’ai voulu me rapprocher de ce monde-là, j’ai vu qu’il me fallait de la cohérence et que je n’en avais pas. »

D’où vient ta démarche de faire des séries ?
Quand j’ai voulu me rapprocher de ce monde-là, j’ai vu qu’il me fallait de la cohérence et que je n’en avais pas. J’ai réfléchi à quelque chose qui me donnerait une série complète sur papier, en attendant d’avoir des toiles. Et cela a été les Femmes. J’ai réalisé des grands et des petits formats, pour me faire un port-folio. La série qui est visible sur internet vient de là. C’était entre septembre et novembre 2018. Les couples sont venus après le mois de novembre.

Pour les couples du Bouquet, tu as changé de style et de matériau – l’acrylique. Pourquoi ?
J’ai toujours voulu faire plein de choses ! Étant adolescent, je m’énervais moi-même. Je me demandais si j’étais normal. Un jour, quelqu’un que j’estime beaucoup m’a dit que c’était génial, que je devais essayer plein de choses parce que j’étais jeune et que je pouvais rater plein de fois. Et quand j’ai commencé la peinture, j’ai eu cette envie d’explorer. Il y a plein d’artistes que j’aime qui donnent l’impression d’avoir travaillé la même série toute leur vie. Ce n’est pas vraiment le cas, mais on reconnaît leur patte, leur signature. Je me suis beaucoup demandé s’il fallait aussi que je trouve « mon truc », s’il fallait que je « m’enferme » ou si je pouvais assumer le fait d’essayer des choses différentes. Et il y a quelques temps, je suis tombé sur une interview d’un peintre que j’aime beaucoup, David Hockney. Il y avait une rétrospective de son travail à Beaubourg, il y a un an ou deux. En fait, c’était quelqu’un qui parlait de lui. Et il racontait que Hockney était allé voir une rétrospective sur Picasso, à Londres, pendant sa jeunesse et combien cela l’avait marqué et lui avait plu, car Picasso est passé par plein de registres différents. Évidemment, c’est intrinsèque à son histoire mais, techniquement, si tu mets en opposition sa période rose et la période de la fin de sa vie, tu peux te demander si c’est vraiment le même artiste. Nous, on le connaît tellement aujourd’hui que cela nous paraît évident. Moi, cela m’a rassuré de me dire que ce n’était pas une tare, que je pouvais avoir l’envie de faire plein de choses. Aujourd’hui, je cherche la cohérence, je ne me précipite plus mais je ne m’interdis pas de me réinventer complètement s’il le faut. La série du Bouquet en est un exemple.

Les séries de Picasso étaient très liées à ce qu’il traversait au moment où il peignait, à son état d’esprit. Est-ce aussi ton cas ?
Au moment des Femmes, je ne pense pas que j’étais dans un état d’esprit qui aurait pu influencer ce travail-là. C’était un délire visuel très fort et porté par une idée qui me plaisait, que je trouvais non pas novatrice, mais différente. A contrario, la série du Bouquet est essentiellement inspirée de mes sentiments personnels.

Pour les Femmes, l’idée était de montrer les corps, de s’intéresser aux formes ?
Oui, c’est cela. En fait, l’idée des Femmes est venue d’une expérience au Conservatoire. Nous portions des masques neutres (masques blancs qui cachent l’expression du visage). On demandait juste aux élèves de traverser la pièce, un peu comme s’ils étaient sur un podium de mode, mais sans forcément changer de démarche, juste traverser. Un aller-retour avec et un aller-retour sans masque. Il y avait un élève, grand, très fin, le genre timide, qui a tendance à s’éclipser, à vouloir disparaître. Cela m’avait marqué car, sans masque, il paraissait tout peiné et bridé. Avec, il débordait de charisme, il avait l’air sûr de lui. En fait, c’était simplement son corps qui montrait quelque chose de complètement différent. Souvent, les gens sont coupés en deux. À partir du moment où tu révèles cela, c’est fou ! Le corps a des histoires incroyables à raconter. Je me suis demandé si je devais représenter des hommes et des femmes, mais je voulais des formes. Quand je faisais des hommes avec des rondeurs, je trouvais qu’ils ressemblaient à des femmes.


« Je voulais que l’on puisse saisir le rapport de force, que l’on puisse se raconter des histoires. »

Et le Bouquet, cela vient d’où ?
Le premier Bouquet, je l’ai fait dans un moment de flottement que je traversais dans mon couple. J’avais envie de peindre deux personnes, de raconter le rapport entre deux êtres, amoureux ou pas d’ailleurs, mais dans un esprit imaginaire et onirique, en jouant sur les contrastes. Je voulais créer des images fortes, un peu comme au théâtre : des arrêts sur image, avec des rapports très forts entre les êtres. Je voulais que l’on puisse saisir le rapport de force, que l’on puisse se raconter des histoires, s’inquiéter aussi. Se poser des questions, quoi.

Quel regard portes-tu aujourd’hui sur le monde qui t’entoure ?
C’est difficile car cela change souvent. Parfois, j’ai beaucoup d’espoir, parfois peu. Aujourd’hui, ce qui me travaille le plus les entrailles, c’est la situation écologique. Je pense que c’est ce qui travaille la plupart des gens de notre génération. Il fut un temps où c’était plus la situation politique, l’aspect social. Aujourd’hui, cela l’est moins. J’ai pris conscience de cela petit à petit. Je ne sais pas où l’on va aller, si l’on va pouvoir redresser, réinventer notre société à temps. La société est construite sur des valeurs qui ne nous ressemblent plus, aujourd’hui, et qui ne correspondent pas à un avenir commun.

Tu as changé de mode de vie ?
Oui, énormément ! Je suis devenu végétarien, moins pour des questions de bien-être animal que pour l’impact écologique que cela pouvait avoir. J’adore la viande, mais je n’en mange plus. J’ai réduit mes déchets, j’achète au maximum en vrac. J’ai un vélo électrique, je me déplace le plus possible à pied, en vélo ou par les transports en commun. Je fais mon propre dentifrice, mon produit vaisselle, ma lessive. J’utilise du shampooing solide. Je me suis lancé progressivement des défis. Ce sont des petites choses comme cela qui ont changé.

L’écologie, l’environnement : ce sont des thèmes que tu pourrais aborder en peinture ?
J’y pense. Pour le moment, mes peintures n’ont pas de lien direct avec notre société mais j’y pense. Je n’ai pas encore eu d’idée pertinente. Je suis au balbutiement de ma réflexion, ce n’est pas suffisamment précis pour que je trouve quelque chose à dire pour l’instant.

As-tu quelque chose à ajouter avant que l’on ne termine cet entretien ?
Non, pas grand-chose. Je suis au tout début, je présente mon travail depuis peu. Et j’espère pouvoir continuer à m’exprimer artistiquement le plus longtemps possible !

Merci Robin Petier !

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