VINCENT SAUVE

ARTISTES DES VILLES, ARTISTES DES CHAMPS

vincent sauve la foret dans la ville

Cette semaine, nous sommes avec Vincent Sauve. Vincent est musicien, compositeur et batteur et il a fait le pari un peu fou de s’installer en milieu rural pour y vivre et y produire de l’art.

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Avec d’autres musiciens, il est à l’initiative de l’association Bazoum Production qui développe des ateliers artistiques grand public et des concerts chez l’habitant. Alors que de mon côté, j’en suis dans ma cinquième année « à la campagne », j’avais très envie d’échanger avec lui sur nos ressentis et nos expériences mutuelles.

« Les préoccupations sont déplacées, elles sont différentes ici. »

Les trois pépites de cet échange :
1) A l’échelle institutionnelle, Vincent nous rappelle qu’il est nécessaire de prendre son temps pour ne pas brusquer les institutions. La première étape, avant même de se présenter dans les structures locales, serait de prendre connaissance de l’existant, d’observer ce qui se fait déjà et peut-être même d’aller à la rencontre des artistes installés dans le but de montrer patte blanche d’une part, et de comprendre les protocoles d’autre part. Monter un projet culturel en milieu rural, ce n’est pas forcément plus rapide qu’en ville mais les échelles de prise de décision sont très différentes et plus vite en aurez-vous compris le fonctionnement, plus vite parviendrez-vous à faire avec. J’ajouterais, de mon côté, qu’il est nécessaire d’être patient et de persévérer. Les institutions ne vous appelleront pas forcément immédiatement, mais elles vous garderont sous le coude pour le jour où elles en auront besoin.
2) A l’échelle artistique, on constate également des différences notoires. La grande majorité des artistes étant installée en ville et plus précisément en région parisienne, trouver des partenaires artistiques lorsque l’on souhaite entreprendre dans la culture à la campagne peut s’avérer être un véritable parcours du combattant. Comme moi, Vincent a dû adapter ses propositions pour qu’elles soient réalisables par lui seul ou bien directement en impliquant les publics dans la création. A moins que vous ne soyez dès le départ dans un projet artistique collectif, créer dans la ruralité est la plupart du temps un projet très solitaire.
3) A l’échelle des publics, la manière de se saisir des propositions est également différente. Vincent évoque un rapport au temps qui est différent mais aussi de nombreux va-et-vient entre ville et campagne pour les personnes qui travaillent, ce qui ne leur donne pas toujours la disponibilité pour participer à des actions artistiques. Il est donc nécessaire pour nous de réfléchir les propositions de telle sorte qu’elles soient le plus accessible possible dans leur forme : pour Vincent, cela passe par des concerts chez l’habitant et pour moi, par du théâtre de rue. Le constat que je fais aussi à mon échelle, c’est que les habitants sont beaucoup plus sensibles aux activités qui touchent les enfants qu’à celles qui touchent les adultes. Je n’ai aucun problème à remplir les ateliers pour enfants mais dès qu’il s’agit de mettre en place des ateliers pour les adultes, c’est beaucoup plus compliqué.

Merci à tous d’avoir écouté cet épisode et à la semaine prochaine pour une nouvelle rencontre hors des sentiers battus.

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