ALAIN RAMÍREZ MÉNDEZ

HISTOIRE ET TECHNIQUES DU THÉÂTRE DE L'OPPRIMÉ

Alain ramirez mendez du Théâtre de l'Opprimé

Cette semaine, on fait nos valises ! Je vous emmène en vacances ! Direction le Brésil… Ou presque ! Mon invité s’appelle Alain Ramírez Méndez et il nous ouvre aujourd’hui les portes du Théâtre de l’Opprimé, près de la Gare de Lyon.

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Le Théâtre de l’Opprimé est une troupe, un lieu mais aussi une méthode importée directement du Brésil par le metteur en scène Augusto Boal. On connaît notamment de cette méthode le fameux « théâtre-forum », mais vous allez voir qu’elle est beaucoup riche que cela ! Responsable de développement et co-programmateur, Alain est également « joker » et comédien-formateur au sein de la troupe, dirigée depuis 1998 par Rui Frati.

« La pédagogie de l’Opprimé, c’est une pédagogie où il n’y a pas de schéma pyramidal. »

Les trois pépites de cet échange :
1) Ce qu’on appelle communément « théâtre de l’Opprimé » est un ensemble de six techniques qui visent à transposer sur la scène des outils d’éducation populaire et d’émancipation citoyenne. Ces six techniques sont : le théâtre-journal – qui consiste en la mise en lecture, le décryptage puis l’interprétation théâtralisée d’un article de presse ; le théâtre-forum, un spectacle interactif qui traite un conflit de la vie quotidienne et dans lequel les spectateurs sont invités à monter sur scène ; le théâtre invisible, de courtes saynètes jouées dans l’espace public, sans que personne ne sache que c’est du théâtre et ce afin de susciter une réaction forte des spectateurs ; le théâtre-image, la mise en forme de statues vivantes susceptibles de résumer en une image une situation ; l’arc en ciel du désir, une technique plus intimiste qui permet de travailler sur les blocages individuels ; et enfin le théâtre législatif, qui est une forme d’atelier constituant théâtralisé.
2) Il est important, si on veut utiliser les techniques du théâtre de l’Opprimé, de bien prendre en compte le fait que ni les comédiens ni le joker ne sont censés donner leur avis. Leur posture doit être une posture d’accueil et d’écoute sans condition. S’inclure soi-même dans la partie, c’est recréer le système pyramidal que la pédagogie de l’Opprimé cherche justement à déconstruire ! Eh oui car qu’on le veuille ou non, les comédiens sont de fait dans une posture d’autorité vis-à-vis du public. Pour se détacher de cette autorité naturelle, il est donc nécessaire de se mettre en retrait.
3) Les termes d’opprimé et d’oppresseur rendent plus compliqué l’identification au personnage du méchant car dans les situations de la vie quotidienne, nous avons du mal à nous penser comme les bourreaux. Sauf qu’en réalité il y a certainement des moments où nous jouons ce rôle : nous pouvons tantôt être un opprimé, tantôt un oppresseur et parfois même les deux à la fois ! C’est pourquoi Alain et ses collègues préfèrent parler de protagoniste et d’antagoniste. Bien que je comprenne l’intérêt de ce changement pour les situations du quotidien, je trouve en revanche que les termes opprimé et oppresseur étaient bien plus pertinents dans le cadre d’une situation politique.

Merci à tous d’avoir écouté cet épisode et à la semaine prochaine pour une nouvelle rencontre hors des sentiers battus.

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