Cette semaine, nous allons parler environnement professionnel. Jusqu’où peut-on aller pour un travail que l’on aime ? Quelle place occupe aujourd’hui le travail dans nos vies ?
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Ce sont ces questions que s’est posée Anne-Claire Genthialon, journaliste et autrice de l’ouvrage Le piège du métier-passion paru en octobre dernier aux éditions Alisio. À partir de son expérience personnelle et en s’appuyant sur de nombreuses recherches en sciences humaines, Anne-Claire déconstruit le mythe du métier-passion.
« Je ne savais plus si j’étais curieuse parce que j’étais journaliste ou si j’étais journaliste parce que j’étais curieuse. »
Les trois pépites de cet échange :
1) Le métier-passion est celui qui contient une promesse de réalisation de soi. Il revêt une dimension très personnelle puisqu’il est celui qui nous fait rêver : la forme peut donc être très différente selon les individus. Si ce métier-passion s’exerce dans un domaine professionnel sujet à la précarité comme le journalisme, les arts du spectacle ou le milieu associatif de manière générale, il est d’autant plus dangereux car il invite à outrepasser les limites de l’acceptable.
2) La sphère professionnelle, qui appartient à la sphère économique, a complètement déteint sur la sphère privée au point que le champ lexical de l’amour se trouve transposé dans l’activité professionnelle. Anne-Claire parle de « chagrin d’amour professionnel » mais aussi de cette notion de « match parfait » qui peut être délétère pour les travailleurs qui s’identifient alors pleinement à leur activité.
3) La notion de métier-passion sert les stratégies néolibérales qui régissent le marché du travail dans le sens où elle invite à l’auto-culpabilisation, à l’idée d’une faute personnelle. Si on ne réussit pas, c’est qu’on n’a pas été assez fort, assez capable, assez méritant. Ce n’est jamais le système qui est remis en cause, toujours l’individu.
Merci à tous d’avoir écouté cet épisode et à la semaine prochaine pour une nouvelle rencontre hors des sentiers battus.