ANNE MARCHIS MOUREN

PRODUIRE UNE CULTURE ÉTHIQUE, INDÉPENDANTE ET DURABLE

Anne Marchis Mouren du BIM

Aujourd’hui, nous allons parler « showbiz » ou plus exactement, modèles économiques dans le secteur culturel. Beaucoup de gens ont compris l’importance d’avoir des médias indépendants, qui ne soient ni sous la coupe de l’État ni sous celle des milliardaires. Mais dans le domaine de la culture, ce sujet est encore peu – voire pas du tout – exploré.

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Mon invitée s’appelle Anne Marchis Mouren. Militante pour la professionnalisation du secteur de la médiation culturelle, elle a fondé le BIM – Bureau Indépendant de Médiation Culturelle avec l’idée de développer des méthodologies et des projets innovants au service des publics comme des professionnels.

« On est sans cesse en train de mettre du scotch sur des subventions qui ne nous permettent pas de travailler dans de bonnes conditions. »

Les trois pépites de cet échange :
1) La stratégie du BIM est de récupérer des prestations de médiation au sein de structures qui n’ont pas de programmation à l’année, qui ont un besoin en recrutement ponctuel et qui s’apprêtaient pour cela à embaucher en contrat précaire. Cela me fait en quelque sorte penser à une agence d’intérim de la médiation culturelle, mais en mieux ! Cette stratégie me semble assez intelligente et arrange finalement tout le monde : la structure dispose de professionnels formés et compétents et ces mêmes professionnels, au lieu d’être payés au lance-pierre sur des vacations, travaillent dans des conditions dignes avec un contrat pérenne.
2) Le modèle économique du BIM fonctionne grâce un cercle vertueux, un « échange d’argent entre privé et public » pour reprendre les termes d’Anne dans lequel les structures qui ont davantage de moyens financent un peu plus, celles qui en ont moins financent moins – l’objectif final restant, bien entendu, d’atteindre l’équilibre financier nécessaire à la survie du BIM. Anne me disait en off qu’elle proposait trois tarifs : un tarif solidaire, un tarif juste et un tarif engagé.
3) Un « modèle hybride » qui conjugue financements publics et prestations de services peut aussi avoir du sens car, qu’on le veuille ou non, certaines missions ne sont aujourd’hui pas défendables sans le soutien financier de l’Etat. Ce modèle hybride permet, tout en composant avec l’existant, de continuer le travail de pédagogie au sein des institutions. Par ailleurs, la recherche d’indépendance ne doit pas nous faire oublier qu’il est nécessaire de préserver un service public de la culture, tout comme il est nécessaire de préserver un service public de l’information. Sinon, c’est ouvrir la voie à une privatisation généralisée qui serait à terme délétère pour toutes formes de cultures.

Merci à tous d’avoir écouté cet épisode et à la semaine prochaine pour une nouvelle rencontre hors des sentiers battus.

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