WILLIAM ACKER

ANTITSIGANISME ET BANALITÉ DU MAL

William acker juriste et délégué général de l'ANGVC

Aujourd’hui, je vous parle d’une communauté que j’ai eu la chance de fréquenter pendant presque trois ans et pour laquelle j’éprouve un énorme respect : les Gens du Voyage. Leur histoire, les persécutions raciales dont ils font l’objet et la résilience qu’ils développent à cet égard les rendent, à mon sens, particulièrement admirables.

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Pour parler en détails de l’antitsiganisme, j’ai fait appel à William Acker, juriste issu des communautés du Voyage. Depuis 2018, William travaille sur la question des politiques publiques à destination des Gens du Voyage. Il a publié en 2021 son premier ouvrage Où sont les gens du Voyage ? Inventaire critique des aires d’accueil aux Éditions du Commun. Cette année, il est également devenu délégué général de l’Association Nationale des Gens du Voyage Citoyens, qui conseille et défend les Voyageurs au quotidien.

« L’antitsiganisme, ce n’est pas qu’une question de rejet du mode de vie. Ça a toujours été une question raciale. »

Les trois pépites de cet échange :
1) L’antitsiganisme ne date pas d’hier : les « Nomades » ont toujours dérangé les autorités qui ont cherché par tous les moyens à encadrer leur présence, avec la complicité d’une grande partie de la population. Encore aujourd’hui, de nombreuses pressions et formes de contrôles s’exercent à l’encontre des communautés de Gens du Voyage.
2) Le rejet des Gens du Voyage a toujours été d’ordre racial. La preuve en est que les sédentaires qui voyagent ne sont pas traités de la même façon. Comme l’a dit William, les Nomades ont été internés dans des camps de concentration français, tenus par des Français, et n’ont été libérés qu’en 1946 ! Soit un an après la fin de la guerre, alors que le fascisme et le racisme étaient déjà censés être morts et enterrés ! Le fascisme n’a jamais disparu et tout est une question d’opinion publique : aujourd’hui, les propos antisémites ne sont condamnés que parce que la majorité de la population est d’accord pour les condamner mais le nombre d’antisémites n’a pas diminué. Il en est de même pour les Gens du Voyage, sauf que la haine a leur égard n’est pas condamnée.
3) Le pouvoir des associations est limité car elles sont financièrement soutenues par ceux qui procèdent au fichage et au contrôle. Qui plus est, comme l’accompagnement des Gens du Voyage leur est souvent délégué de façon globale, il leur est difficile de travailler avec les structures de droit commun, ce qui maintient les voyageurs dans une forme de marginalité.

Merci à tous d’avoir écouté cet épisode et à la semaine prochaine pour une nouvelle rencontre hors des sentiers battus.

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